par Arnaud Le Fèvre
La colonie viking de la Seine, constituée majoritairement de Danois avait à sa tête Rolf (Rollon), fils d’un jarl norvégien, depuis environ 887. Ce fut sans doute sous son impulsion que vers le début du Xème siècle, les Scandinaves songèrent à se fixer durablement dans la région. En 911, ce dernier entra en pourparlers avec le roi Charles le Simple pour formaliser la souveraineté normande déjà acquise de fait sur les territoires de la Basse-Seine. Ce qui aboutit la même année au traité de Saint-Clair-sur-Epte, dans lequel le roi franc céda aux Vikings de la Seine le territoire correspondant en gros aux actuels départements de la Seine-Maritime et de l’Eure.
En contrepartie, Rolf accepta le baptême chrétien et s’engagea à interdire aux autres Vikings l’accès de la Seine.
Ceci fut à l’origine de la fondation de l’État normand, avec Rouen comme pivot, et Rolf comme « Jarl de Rouen » (Rudhuborg Jarlr). Le terme « Duc » n’interviendra que vers l’an mil. Les prérogatives du Jarl furent celles d’un comte franc, et il bénéficiait de la plupart des attributs de la puissance royale, ce qui pouvait subsister du patrimoine royal franc et le contrôle de l’Église compris.
Conjointement, d’autres troupes vikings, nombreuses elles aussi, s’étaient établies plus à l’ouest, notamment dans le Cotentin (Norvégiens des Orcades et d’Irlande surtout) et le Bessin (majoritairement des Scandinaves du Danelag, en Angleterre). En 924 et 933, le Jarl de Rouen obtint du roi franc la cession de ces deux territoires ainsi que de l’Avranchin, plus au sud, de manière à pouvoir contrôler ces Vikings insoumis et très actifs, ce qui n’alla pas sans peine, car ces populations restèrent longtemps rétives à toute autorité centrale. La période d’occupation bretonne (867-927) dans le Cotentin et l’Avranchin laissa très peu de traces.
Au terme de cette expansion, la Normandie couvrait approximativement son territoire actuel. Restaient deux territoires tampons qui seront acquis ultérieurement : le pays de Talou, sur la frontière flamande (en 996) et le Passais (autour de Domfront), sur la frontière méridionale (vers 1050). La frontière de la Normandie n’a plus varié depuis, ce qui fait figure d’une remarquable stabilité dans un monde médiéval où les frontières étaient fluctuantes et complexes.
Étapes chronologiques de la fondation de la Normandie